"Les banques sont victimes de la fraude quand leur organisation interne est défectueuse. "C'est un spécialiste d'histoire économique, Hubert Bonin, qui le dit dans une étude sur les banques et la fraude entre 1850 et 1950. Il évoque notamment le mécanisme du « chemin de fer ». Lorsque, peu avant l’échéance mensuelle, il fallait préparer les comptes pour les envoyer au Siège, le directeur d'agence faisait partir des traites à échoir par courrier vers une autre agence, pour recouvrement, avant que celle-ci ne les renvoie à l’agence d’origine – pour erreur; dès lors, elles ne figuraient plus sur le compte de cette dernière, ce qui allègeait sa situation pour un mois.
Dès les années 1870-1880, la Société Générale et le Crédit du Nord connurent des déboires financiers internes. Cela continua sporadiquement. Ainsi, l’agence de la Société Générale à Bordeaux subit des détournements importants au tournant des années 1930, dus à « de sérieuses lacunes d’organisation ». Selon l'auteur, "il faut noter que, jusqu’à une période fort récente, la tenue des comptes pâtissait d’un manque de règles au nom d’un libéralisme de bon aloi qui a prédominé au moins jusqu’aux années 1940. Ce n’est qu’en 1935 que, dans le cadre de la lutte contre la crise économique et financière, que l’État impose aux entreprises d’établir un bilan comptable selon des normes assez précises, de façon à pouvoir faire des comparaisons fiables d’une année sur l’autre ; mais la notion de « plan comptable » n’est définie par la loi qu’en 1946. Par ailleurs, les banques elles-mêmes échappent à toute institution de réel contrôle, et il faut attendre les lois bancaires de 1941 puis de 1946 pour que soient fixées des règles de transparence dans les bilans et dans les encours de crédit, sous l’égide de la Banque de France et de la Commission de contrôle des banques qui fonctionnait sous son impulsion. Le grand nombre des banques, leur statut privé, la tradition de respect du secret bancaire, constituaient autant de facteurs complémentaires pour expliquer le maintien de ce libéralisme, d’un principe de « libre marché » bancaire. "(...)"Il faut en fait attendre les années 1960-1970 pour que les règles de l’audit des bilans et des comptes se précisent et s’appliquent et que les cabinets de commissaires aux comptes deviennent rigoureux – avec des aléas parfois."
Dès les années 1870-1880, la Société Générale et le Crédit du Nord connurent des déboires financiers internes. Cela continua sporadiquement. Ainsi, l’agence de la Société Générale à Bordeaux subit des détournements importants au tournant des années 1930, dus à « de sérieuses lacunes d’organisation ». Selon l'auteur, "il faut noter que, jusqu’à une période fort récente, la tenue des comptes pâtissait d’un manque de règles au nom d’un libéralisme de bon aloi qui a prédominé au moins jusqu’aux années 1940. Ce n’est qu’en 1935 que, dans le cadre de la lutte contre la crise économique et financière, que l’État impose aux entreprises d’établir un bilan comptable selon des normes assez précises, de façon à pouvoir faire des comparaisons fiables d’une année sur l’autre ; mais la notion de « plan comptable » n’est définie par la loi qu’en 1946. Par ailleurs, les banques elles-mêmes échappent à toute institution de réel contrôle, et il faut attendre les lois bancaires de 1941 puis de 1946 pour que soient fixées des règles de transparence dans les bilans et dans les encours de crédit, sous l’égide de la Banque de France et de la Commission de contrôle des banques qui fonctionnait sous son impulsion. Le grand nombre des banques, leur statut privé, la tradition de respect du secret bancaire, constituaient autant de facteurs complémentaires pour expliquer le maintien de ce libéralisme, d’un principe de « libre marché » bancaire. "(...)"Il faut en fait attendre les années 1960-1970 pour que les règles de l’audit des bilans et des comptes se précisent et s’appliquent et que les cabinets de commissaires aux comptes deviennent rigoureux – avec des aléas parfois."
"Ces considérations sur les banques françaises des années 1850-1950 peuvent sembler bien lointaines car elles paraissent caractériser des marchés de l’argent peu supervisés par des autorités financières encore dans les limbes. Pourtant, elles procurent des éléments de réflexion quant à la gouvernance – le mot à la mode – d’une profession pendant un mouvement long de structuration d’une économie nouvelle – le passage à la grande industrie, à l’économie d’endettement, au marché financier, etc. – puisque les années 1980-2000 fournissent autant de cas de réflexion. Seule, l’échelle de l’action a changé dès lors que la banque agit au niveau de l’économie européanisée et mondialisée, et que ses prises de risque s’insèrent dans des flux reliant les grandes places continentales et mondiales. Les phénomènes de fraude en interne, de gestion de fraudes comptables des clients, de ruse dans les opérations sur les marchés financiers ont contourné les réglementations et les autorités de supervision pour imposer leur réalité à une échelle nouvelle. "
Pour conclure, selon Hubert Bonin, les banques sont moins fraudeuses que victimes de la fraude de leurs clients pendant la période 1850-1950.
On peut lire le texte en intégralité sur le site suivant ( document : les banquiers et la fraude) :
http://boninhub.free.fr/content/public/documents/index.php
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