Plusieurs problèmes se posent. D'abord, les hausses du prix du gas-oil gênent terriblement l'activité des pêcheurs. Ensuite, de manière plus grave, le problème de ressources ( illustré actuellement par la question des quotas) se pose. Il s'agit d'une difficulté structurelle. Pendant les années 1970 et 1980, les gouvernements successifs ont poussé à créer de nouveaux navires mais les ressources s'épuisaient. Le poisson valait de plus en plus cher et, en conséquence, la surexploitation continuait de plus belle. Les bateaux de plus en plus coûteux imposaient de pêcher de plus en plus. Dimitri Rogoff parle à ce sujet d'une " spirale infernale ".
Dans les années 1990, on pêche de moins en moins de poissons qui valent de plus en plus chers. "On pêche partout, trop et trop petit" comme dit Dimitri Rogoff. Je partage le point de vue de l'auteur du site: " Cet aveuglement, cette obstination à vouloir nier que les mers se vident, me révolte. " D'après les scientifiques, la biomasse du stock de cabillauds de la Manche et Mer du Nord n’est constitué que de 2% d’adultes. A cause de cette situation catastrophique, l'Europe réagit et bloque les constructions neuves. En conséquence de jeunes pêcheurs rachètent cher, aujourd'hui, des bateaux que leur vendent de vieux pêcheurs.
L'Europe a aussi mis en place un système assez complexe de quotas. Les professionnels ne le rejettent pas forcément car, en (basse-)Normandie, par exemple, ils sont même favorables à soumettre les espèces librement pêchées (bars, dorades, rouget-barbet, céphalopodes,…) à encadrement. Le processus d'élaboration des quotas comprend une première phase d'expertise scientifique, suivie par des propositions de la Commission européenne et la prise de décision du Conseil des ministres des Communautés européennes. Des tractations politiques au plus haut niveau ont bien entendu lieu lors de cette phase finale.
Pour prendre l'exemple d'une espèce dont on a parlé précédemment, le conseil des ministres a décidé en décembre 2007 une réduction comprise entre 9% et 18% des prises de cabillaud. Cela ne concerne toutefois que l'Atlantique, hors Mer du Nord, où une hausse de 11% des possibilités de prise avait déjà préalablement été décidée dans le cadre d'un accord séparé avec la Norvège. La réduction de 9% à 18% reste inférieure à ce que demandait à l'origine la Commission européenne, sur la base des avis scientifiques. Elle avait proposé une baisse de 25%. D'autres baisses importantes de quotas ont été également décidées pour des poissons comme le merlan bleu, le hareng et la plie.
Quelle pêche voulons nous pour les 10, 20 ans à venir ?" C'est la question juste que pose le blog de Dimitri Rogoff... On trouvera de la franchise, de l'humour et de la culture sur ce site internet très bien fait. Des questions épineuses sur le nombre de pêcheurs et de navires ne sont pas éludés. L'auteur fait des propositions intéressantes. Selon lui la maîtrise de la ressource ainsi que le développement de label de qualité (Normandie Fraîcheur Mer) permettront à la pêche normande de se développer. J'ajoute à cela la création de zones vierges, de réserves où le poisson ne serait pas capturé.
Il faudrait beaucoup de temps pour évoquer ce sujet dans tous ses détails. Je vous invite à consulter certains sites.
Comité régional des pêches maritimes (basse) Normandie http://www.crpbn.fr/comite-regional-peche.html
Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de (haute)Normandie http://www.crpmemhn.fr/
Le blog de Dimitri Rogoff http://www.finemaree.com/news/
En pièce jointe, voici la liste des quotas. C'est très complexe...Les juristes remarqueront qu'on cite dans l'article 5 un décret du 9 janvier 1852.
http://www.crpbn.fr//iso_album/repartition_quotas.pdf
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